Pouvoir et gouvernance

par Carlos Alvarez | Juil 24, 2018 | Activer les actions de changement

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Pouvoir et gouvernance

L’évolution des structures de pouvoir et le scepticisme croissant entraînent une remise en question des institutions. Dans ce contexte, comment le réseau peut-il continuer d’inspirer la confiance ?

 

Ces dix dernières années ont mis en lumière la fragilité et l’inaptitude des mécanismes actuels de gouvernance mondiale pour ce qui est de trouver des solutions adéquates aux problèmes de la planète. De nombreuses voix suggèrent que la taille et les capacités des États sont inadaptées aux problèmes auxquels notre société toujours plus mondialisée est confrontée. Parallèlement, les formes de gouvernance transfrontalière évoluent et gagnent en force et en efficacité comme le montrent par exemple la récente initiative de la Chine relative à la nouvelle route de la soie (One Belt One Road), l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et les zones régionales de libre- échange qui prolifèrent en Afrique occidentale et orientale.

Le secteur privé voit lui aussi son pouvoir et son influence se renforcer et pourrait ainsi proposer de nouvelles formes de gouvernance, bon nombre d’entreprises exerçant déjà davantage d’influence sur les questions mondiales que la plupart des pays, comme en témoigne le fait que le gouvernement danois ait récemment nommé un ambassadeur auprès de la Silicon ValleyQuelques organisations humanitaires internationales, comme Amnesty International et l’Unicef, ont fait de même. Le secteur privé participe par ailleurs de plus en plus à l’aide humanitaire et à l’aide au développement, ce qui continue de remettre en question le rôle de gouvernance joué par les États et les organisations humanitaires. Les villes s’emploient aussi de plus en plus à démontrer leur pouvoir géopolitique à l’échelle mondiale, et les mégapoles jouissent désormais elles-mêmes d’une grande influence.

Ces différentes poches de pouvoir et d’influence nouvellement formées traduisent une certaine réalité: jamais les institutions mondiales (notamment les organisations gouvernementales et humanitaires) n’ont bénéficié d’une confiance aussi limitée. Le Baromètre de confiance Edelman 2017 dresse le tableau d’un système mondial brisé, sans grand espoir d’amélioration. Alors qu’en 2001 elles étaient perçues comme de plus en plus influentes, les organisations humanitaires se retrouvent aujourd’hui enfermées dans un climat de méfiance.

Ce contexte alimente la montée des mouvements sociaux et des groupes marginaux, qui s’élèvent contre les problèmes causés par le pouvoir et l’élitisme. La longue stagnation économique et la méfiance croissante à l’égard de la politique attisent le populisme, le nationalisme et les affrontements culturels et religieux, signe d’un scepticisme grandissant à l’égard du gouvernement et de la bureaucratie dans de nombreuses démocraties, en particulier chez les jeunes. Par ailleurs, dans les pays du Sud, les gouvernementaux nationaux s’affirment avec davantage d’assurance et remettent en question les interventions étrangères dans des affaires internes.

Éléments et points de friction devant être pris en considération par la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge

  • Les structures du réseau de membres de la Fédération internationale et les processus de prise de décisions sont-ils cohérents compte tenu des évolutions sociales et politiques plus globales ? Les structures institutionnelles et financières établies par le passé au profit des flux nord-sud sont- elles adaptées à l’évolution des pouvoirs et des influences à l’échelle mondiale ?
  • Face aux problèmes croissants de crédibilité et de confiance, et dans un contexte complexe où les parties prenantes sont diverses (communautés, donateurs, partenaires), par quels moyens le Secrétariat et les Sociétés nationales peuvent-ils continuer à inspirer la confiance ?
Qu’en pensezvous ?

Y a-t-il d’autres éléments relatifs à cette tendance que nous devrions envisager ?

Comment pensez-vous que cela affectera la vulnérabilité et la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge?

Faites-nous part de vos commentaires ci-dessous

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1 Commentaire

  1. Mamadou M TRAORE

    Le véritable problème du réseau des membres et des instances de la FICR réside d’abord au niveau des relations structurelles et décisionnelles entre les deux composantes des Sociétés Nationales surtout de l’Afrique où les membres de la gouvernance ne se limitent pas à leurs rôles. Très fréquemment ils interfèrent (volontairement ou involontairement) avec les activités de l’exécutif, plus précises et plus dynamiques. Ils faut aussi reconnaitre que les rôles qui les sont confiés sont des activités bénévoles, sans profits clairs et structurés, d’où la prise en otage par occasion des activités de l’exécutif du fait du pouvoir ultime qu’ils se sont donné eux-mêmes dans leurs textes. Compte tenu de l’excellence que requièrent les activités de la mission humanitaire de nos jours (professionnalisme exigé) la qualité des membres ne correspond pas généralement aux défis. La motivation des membres de la gouvernance se pose en Afrique, quoi qu’on dise. Je ne sais pas comment font les membres de la gouvernance des pays du Nord. Mais il faut voir la vérité en face et être pragmatique. Le travail qu’abattent aussi certains membres de la gouvernance est professionnel et mérite une motivation, un intéressement à moins que ces membres ne fasse plus le travail de contrôle, de suivi, de direction, de décision. Tant qu’une forme de motivation (surtout financière) n’est pas accordée aux membres de la gouvernance en Afrique, on n’ira pas loin avec la bonne gouvernance ni avec les résultats institutionnels. Généralement, aucun engagement de résultat ne lie les membres de la gouvernance lors de leur mandat en Afrique. Ils les sont attribué le pouvoir de décision sans aucun lien avec la compétence ni avec des obligations strictes ou codes de conduites à respecter et à suivre par un organe quelconque. Sur un autre plan, tant que la FICR ne s’intéresse pas à la qualité des documents de base des SN et adopte un modèle de suivi de la relation entre la gouvernance et l’exécutif la qualité médiocre du style de gouvernance perdurera. Vue simplement, la gouvernance n’est-elle pas cet ensemble de dispositions techniques et pratiques mis en place pour diriger une organisation ? Si oui pourquoi la FICR à l’image du fonctionnement de son secrétariat à Genève n’impose pas de léguer un pouvoir de décision à l’exécutif au niveau des SN en Afrique, lesquelles en majorité n’ont que le pouvoir de gestion assujetti au mot du Président ? On dira ici qu’il s’agit d’une question de souveraineté à respecter. Oui, mais on oubli que les documents qui régissent les Sociétés Nationales sont rédiger et approuvés par les membres de la gouvernance et que le personnel de l’exécutif est recruté, sans influence sur les orientations majeures. Quelque chose fonctionne mal à l’origine de la structure des Croix- Rouge/ Croissant- Rouge. On croira qu’on met en conflit dès à l’origine la gouvernance (qui décide sans maitrise du quotidien et sans revenu pécuniaire) et l’exécutif (qui met en œuvre avec une obligation de résultats et disposant de revenu pécuniaire). Cela engendre un conflit de jalousie due à la comparaison et à l’envie. Présentement en Afrique, en général le pouvoir décisionnel revient à la gouvernance et cela ne correspond plus au manque d’exigence de résultats à son égard. La qualité des résultats en souffre ainsi que la qualité de la communication amenant à transformer l’environnement de plusieurs Sociétés Nationales en un véritable champ de bataille ou de champs de conflits latents où prédomine parfois la chasse à l’homme.
    Sur un autre registre, la FICR perd une grosse opportunité de capitalisation des expériences et des connaissances en ne mettant pas en place une espèce de « plan de carrière » (je pèse mon mot ici) ou une manière de faire profiter au Monde l’expertise développée par les Secrétaires Généraux. Je ne suis pas en train de défendre l’intérêt d’une corporation. Loin sans faut. Mais quand on constate en longueur de temps des personnes nouvellement venues qui enjambe les hautes sphères de la FICR et par ce truchement au gré du fait que leurs pays apportent le financement fait recruter des novices de la scène internationale. Je ne dis pas que tous les cas sont comme ça. Mais quelques parts la FICR investit dans la formation des Secrétaires Généraux par les nombreuses rencontres d’échanges et de formations thématiques. Oui on dira que c’est pour qu’ils servent leurs pays que cela est fait. On oubli pour autant qu’il faut un accompagnement structurel des Secrétaires Généraux des Sociétés Nationales afin qu’il soit dans son plein pouvoir de travail. Pourquoi après un certain temps les Secrétaires Généraux ne peuvent pas prétendre à des postes de la FICR pour partager ces connaissances à l’international ? La Fédération doit s’intéresser davantage à la gestion de la relation entre la gouvernance et l’exécutif dans les SNA en apportant un équilibre dans le pouvoir décisionnel? Ceci aura un impact certain sur la qualité et la célérité des activités de la mission humanitaire.
    Dans le cadre de la coopération, le déploiement des délégués au niveau des Sociétés Nationales Africaines soulève un défi majeur tant au plan économique qu’au plan de l’équité. Les coûts de mobilisation des délégués étrangers en rapport avec les apports sont fortement déséquilibrés souvent. Par comparaison le personnel local qui joue d’ailleurs le premier rôle technique et qui au nom du principe de l’unité est le premier responsable des actions ne bénéficient pas en retour de motivation équitable. En réponse, on me dira que ce sont nos pays qui doivent nous mettre dans ces conditions de travail. Je dirai non. La mission humanitaire est universelle et le monde se globalise. On doit avoir le courage de reconnaitre que les fonds qui sont mobilisés le sont au nom des communautés de nos pays. Comme institution humanitaire, on doit innover et se rendre compte que les besoins financiers sont valables pour tout être vivant et d’ailleurs en terme de satisfaction de ces mêmes besoins, le fossé est très grand entre un employé du sud et celui du nord. On doit être à mesure d’amener un équilibre au sein du mouvement CRCR dont la vocation humanitaire doit reposer sur des bases de l’équité et de la globalisation. La présence de cadres intellectuels de plus en plus dans les SNA doit amener à réfléchir sur la mise en place d’un traitement universel des agents de la CRCR. C’est en cela que nous serons une institution mondiale. On doit donc passer de « mouvement mondial » à « institution mondiale ». Pour finir, le déploiement des délégués au niveau des Sociétés Nationales Africaines engendre l’assistanat et non un véritable partenariat. Il est tout a fait évident que le premier facteur de résolution de ce point est la proactivité que les SNA doivent faire montre face à leurs états (gouvernements). Ceci est un grand défi à relever sans l’aide de personne de l’extérieur. Une fois que les états jouent le premier rôle et que les SN soient reconnues davantage (pas en théorie, mais dans la pratique des faits concrets) il sera nécessaire de revoir le cadre de partenariat avec les États. Cet exercice est nécessaire aujourd’hui. Le principe d’indépendance n’est pas à révoquer, mais à accorder à la réalité des faits. L’état est le principal, la Croix- Rouge est l’auxiliaire. Les états trouvent que les SN sont éloignées de leur giron et celles ci ont peur de voir leurs actions cautionnées par les états. Il est nécessaire de trouver une médiane de ces deux pensées aujourd’hui.

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